Antonin Borga, un talent naturel

Partageant sa vie entre l'entreprise familiale la semaine et les courses automobiles le week-end, Antonin Borga peut se réjouir de posséder deux atouts indéniables: un talent inné et le soutien indéfectible de ses proches.

Si certains jeunes pilotes ont la possibilité de consacrer leurs journées à l'entraînement physique et à la préparation mentale, Antonin jongle du matin au soir entre les multiples tâches inhérentes à la gestion d'une société familiale... visites de chantiers, administration, facturation. "Récemment, je suis arrivé sur un circuit le vendredi, lorsque d'autres compétiteurs m'ont demandé pourquoi je n'avais pas participé aux entraînements la veille. Je leur ai dit que j'étais au travail, ils n'ont pas su que me répondre" s'amuse Antonin Borga. Ses journées débutent en effet à 6h pour ne guère se terminer avant 19h… heureusement que le talent prend le relais, comme le confirment les saisons 2015 et 2016 du Championnat de France Mit-Jet Supertourisme !

Un parcours atypique
La passion pour le sport automobile, c'est une histoire de famille chez les Borga, insufflée par Laurent le défunt oncle d'Antonin et surtout Simon, le patriarche. "Mon frère Lucas et moi, avons débuté par le karting, nous avons également assisté aux courses disputées par mon père. Au terme de mon apprentissage de mécanicien, j'ai rejoint l'entreprise familiale. Un jour, j'ai demandé à mes parents si je pouvais à mon tour m'essayer à la compétition. Ce n'est donc qu'à 22 ans que je me suis présenté au départ de deux courses du championnat suisse de Formule Renault au sein de l'équipe de Roland Bossy" souligne-t-il. En parallèle, il s'investit dans le travail, prend du recul pour décider de retenter sa chance en 2012, cette fois-ci en Formule Renault et dans la série VdeV. Coup d'éclat: il termine à la 2e place du championnat!

En 2013, nouvelle pause pour se lancer dans la course d'endurance au volant d'un prototype Norma avec deux coéquipiers de choix, son père et son frère. L'année suivante, il succombe à nouveau à l'envie de réitérer une saison complète en Formule Renault pour se hisser, au terme de six week-ends de course… à la 3e place.

Championnat de France Supertourisme
"Lors d'une soirée de notre entreprise, j'ai longtemps discuté avec Gérard Vallat qui m'a ouvert l'esprit sur le Supertourisme. De fil en aiguille, j'ai rencontré Patrick Barbier de GPC Motorsport, responsable de l'entretien des voitures du team Yvan Muller, puis Yvan lui-même. Le courant est bien passé et entre mi-février et début mars, j'ai testé la nouvelle voiture sur le circuit de Bresse puis au Lédenon, bien différente de ma précédente. C'est une autre approche que de conduire une monoplace ou un véhicule fermé équipé d'un V6 Nissan 3,5L" précise Antonin.

En 2015, le pilote de 28 ans terminait au 3e rang du classement final du championnat de France de Mit-Jet Supertourisme. "C'est une toute autre structure avec 25 véhicules qui se présentent au départ avec du monde dans les tribunes et une belle ambiance. Parmi mes concurrents, il y a des pilotes de renom comme Sébastien Loeb, Alexandre Prémat et Anthony Beltoise". L’aventure se poursuit au sein du Team GPC by Yvan Muller Racing en 2016, année où Antonin est sacré Vice-champion de France, à 6 points de la 1ère place ! Une saison explosive, puisque le pilote a cumulé – lors des trois dernières rencontres - 8 victoires sur une totalité de 12.

Après avoir participé en 2016 à la course Road To Le Mans et à une épreuve du championnat ELMS au volant d’un prototype LMP3 du Team Duqueine Engineering, il intègre cette écurie durant la saison 2017. Une belle expérience qui lui permet de disputer simultanément les championnats VdeV Endurance Series et ELMS (catégorie LMP3). Une année instructive marquée de temps forts tels que la victoire au circuit Paul Ricard (VdeV), ou encore les podiums à SPA (ELMS) et Magny-Cours (VdeV). « Je suis très reconnaissant à Gilles Duqueine et Yann Belhomme de m’avoir fait confiance. Ils m’ont permis de gagner en expérience au sein d’une structure très professionnelle, dotée d’un bel esprit d’équipe et d’une excellente ambiance » souligne Antonin Borga.

Dès 2018, Antonin intègre l’écurie suisse Cool Racing by GPC pour une durée de trois ans, dans l’objectif de participer aux 24 Heures du Mans à l’horizon 2020 dans la catégorie LMP2. Une perspective réjouissante, qui lui permet de retrouver Patrick Barbier, qui œuvrait précédemment dans l’Endurance chez Swiss Spirit, puis chez Yvan Muller Racing. Aux côtés de ses coéquipiers Iradj Alexander David et Alexandre Coigny, Antonin participe cette année au championnat européen ELMS, à plusieurs épreuves du championnat VdeV et à la fameuse Road to Le Mans au volant d’une Ligier JS P3 (catégorie LMP3). Il disputera par ailleurs deux courses des 24 Heures Series par SPS automotive performance sur une Mercedes-AMG GT3 - un excellent entraînement d’ici à 2020. La saison s’annonce donc riche et variée avant le passage à la catégorie LMP2 en 2019 !

La famille, une force sans pareil
"Je prends un plaisir fou à conduire et je réalise la chance que j'ai de pouvoir m'adonner à ma passion grâce au soutien de ma famille. Je veux tout donner pour y arriver" confie Antonin. Son père Simon ajoute "l'important, c'est que mon fils puisse évoluer en toute liberté et sérénité, car aucun d'entre nous ne lui met la pression". Et son frère d'ajouter "Je me réjouis énormément pour lui et le soutient comme je peux. Aussi, je m'investis dans la société afin qu'il puisse disputer chaque course l'esprit léger et je ne vous parle même pas de notre mère, qui est sa plus grande supportrice".

Le clan Borga est sans contexte animé de valeurs familiales fortes et d'un bel esprit d'équipe, des ingrédients essentiels à la réussite du benjamin. Toujours présente les week-ends, la famille lui prête main forte pour tous les aspects logistiques des courses, ainsi que la recherche de sponsors, sans le soutien desquels Antonin ne pourrait pas s'adonner à sa passion.

Une question reste toutefois en suspens: entre courses et travail, comment Antonin parvient-il à se ressourcer ? "J'aime passer du temps avec mes amis ou me libérer la tête au volant d'un kart. J'ai également pratiqué le judo pendant douze ans. Mon idole, Ayrton Senna, est aussi une grande source d'inspiration. Mon casque arbore d'ailleurs les couleurs de ce grand champion, mon porte-bonheur quand je suis dans les starting blocks" conclut-il.

RoadBook Magazine
Sonja Funk-Schuler
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